
L’invasion de l’Ukraine et les travailleurs du monde entier
Communiqué d’Émancipation
Communiqué d’Émancipation
Les idées et même les expressions du bidenisme commencent à s’infiltrer dans la propagande étatique européenne. La plus frappante concerne les avantages supposés des « syndicats forts ». Selon Biden, la faiblesse des syndicats aux États-Unis a permis aux grandes entreprises automobiles de convertir la multilocalisation en dumping salarial. Cependant, l’expérience européenne nous dit exactement le contraire : au sein de l’UE et même au sein d’un même pays, dans les secteurs où les syndicats sont « forts », ce sont les syndicats eux-mêmes qui organisent la concurrence entre les usines d’une même entreprise et la vente aux enchères à la baisse des conditions de travail.
La France remboursera les rendez-vous liés à la santé mentale ; en Espagne, une loi est en préparation s’engageant à mettre en place et à équiper un système de soins qui aujourd’hui n’offre guère plus que des listes d’attente et des médicaments en pleine épidémie responsable de plus de 200 tentatives de suicide par jour et dans un contexte où 2 millions de personnes sont sous anxiolytiques quotidiens. Mais aucune loi ne va arrêter la broyeuse dans laquelle les conditions de vie et de travail se sont transformées. Seules l’organisation et la lutte collectives peuvent y parvenir.
Ce week-end, il y a eu plus d’une centaine de manifestations en France contre la vaccination obligatoire des personnels de santé, des soignants et d’autres groupes comme les sapeurs-pompiers. Dans toute l’Europe, les médias encouragent le même débat.
En France, les manifestations contre le pass sanitaire ont consolidé une base sociale initialement hétérogène autour d’un discours qui amalgame, depuis les antivax, les libertariens réactionnaires, les pseudosciences, le féminisme, le conspirationnisme, le nationalisme et l’antisémitisme. Pas d’esthétique néo-fasciste ou de gaullisme ringard. Bien au contraire : beaucoup de travailleurs sociaux, des îlots de gilets jaunes et d’anarchistes et beaucoup d’adeptes de la « France Insoumise ». Ils sont nombreux, mais ils restent une minorité excentrique, idéale comme ennemi cohésif pour le macronisme, qui peut ainsi se parer d’habits rationalistes. Et pourtant, c’est un mouvement hautement significatif du moment historique et de la culture que celui-ci dégage.
Un coup d’État a eu lieu en Tunisie. Après une journée de manifestations anti-gouvernementales dans tout le pays, le président tunisien Kais ben Saïd, soutenu par les dirigeants militaires et les syndicats, a suspendu le parlement, rappelé le Premier ministre Mechichi et privé le parti au pouvoir de son immunité. Les islamistes évincés du pouvoir dénoncent un coup d’État et la fermeture de la branche locale de la chaîne qatarie Al-Jazeera est utilisée comme preuve de répression. Le Qatar, la Turquie et les médias européens appartenant aux capitaux qataris, comme El País en Espagne, demandent à Saïd de rétablir le Parlement. La France et sa presse, en revanche, soutiennent le Président et se réjouissent de cette opportunité. Qu’est-ce qui se cache derrière le coup d’État en Tunisie ? Qu’est-ce que cela signifie pour les travailleurs ?
Les grèves ont continué d’éclater et de se répandre dans le monde entier, indépendamment du semblant de nouvelle normalité propagé par les médias. Il y a des milliers de grèves et une multitude de luttes locales, mais une bonne partie d’entre elles répondent aux phénomènes mondiaux du moment, comme les effets de la pandémie du covid sur les systèmes de santé et d’éducation. Voyons quelques exemples de la réaction de la classe ouvrière dans le monde entier et de la réaction des syndicats qui tentent de la maîtriser.